Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Des millions de personnes disséminées de par le monde et déçues de la manière dont celui-ci évolue décident de s'unir Toutes guidées par le même désir d'améliorer les choses, de ne plus subir l'actualité sans pouvoir réagir. Par le biais d'Internet, elles créent le premier Pays virtuel : 8 Th Wonderland.
Mention spéciale du jury du Septième Orbite lors du BIFFF 2009, 8th Wonderland est parvenu à surprendre beaucoup de monde avec, comme base, un budget pourtant dérisoire. Pourtant, aux commandes du métrage, on retrouvait deux jeunes touche-à -tout du cinéma français contemporain, Nicolas Alberny et Jean Mach. Les deux sympathiques réals avaient en effet officié sur différents projets en tant que compositeur/scénariste pour
l’un et monteur/scénariste/metteur en scène pour l’autre. Faisant indéniablement partie de la nouvelle vague du cinéma français fauché mais de qualité (ça nous change d’Eurociné !), les deux cinéastes pouvaient déjà se targuer de posséder un CV impressionnant, qui avait notamment mené Mach à l’écriture du script du mémorable Aquarium. Mettant leurs talents en commun, les deux compères décidèrent donc de créer une œuvre de SF un brin démago mettant en scène un monde virtuel peuplé de révolutionnaires, ligués contre le pouvoir en place. 8th Wonderland a donc pour cadre internet, véritable phénomène de société à l’heure actuelle.
Avec ce thème dans le vent et un caractère démagogique affirmé dès le pitch, 8th Wonderland se profilait comme un simple film d’écran, tout juste bon à peupler les rayonnages des vidéothèques. Heureusement, les qualités de Mach et Alberny ne tardent guère à éviter au film de sombrer dans une monotonie irritante, les réals mettant en scène une « toile » à la texture particulièrement séduisante. Les protagonistes s’exprimant dans une sorte de table ronde virtuelle, les plans fixes ne sont pas légion et l’œuvre acquiert dès lors un certain rythme lors de discussions pour le moins animées. Ces discours, énoncés par des acteurs pour la plupart inconnus, sont par contre d’une démagogie impressionnante lors de la première partie d’un métrage aux idées somme toute classiques.
Ce caractère ouvertement révolutionnaire et irréfléchi s’estompe heureusement par la suite, Mach et Alberny s’échinant à dépeindre les travers d’un pouvoir naissant. Tout en conservant un haut degré de sympathie, les protagonistes se livrent peu à peu, dérives de leur puissance naissante aidant, à quelques actes répréhensibles. L’intrigue acquiert, grâce à cela, une cohérence impressionnante et les réalisateurs y insèrent quelques éléments perturbateurs, tels qu’un imposteur (à la Mickael Vendetta), ainsi que quelques touches d’humour bien senti par le biais de guests comme Julien Lepers, Nikos Alliagas ou Amanda Lear. La présence de ces différents personnages publics a tôt fait de donner un caractère plus concret à l’œuvre, tout en lui instillant une certaine légèreté.
Evitant brillamment l’écueil du film d’écran, 8th Wonderland est une véritable réussite tant sur le plan de la mise en scène que sur celui d’idées qui, pourtant, peinaient à se développer. L’évolution de ces idées au fil de l’intrigue est véritablement impressionnante, Mach et Alberny transformant un propos démagogique en critique sociétale sous-jacente.
Une oeuvre comme on voudrait en voir plus souvent !!!