Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Alors qu'Abraham Lincoln travaille au discours de Gettysburg et planche sur l'immortelle tirade, souhaitant «que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ne disparaisse pas de la surface de la terre», il apprend qu'une menace bien autrement dangereuse que l'armée confédérée pèse sur l'avenir des Etats-Unis. Sur la surface de la terre grouille et rampe à nouveau la non-moins immortelle armée des morts-vivants sudistes. Lincoln n'a d'autre choix que de se rendre compte du danger par lui-même et passe derrière les lignes ennemies, éliminant à coups de faux les morts-vivants qui se mettent en travers de sa route...
The Asylum aime le cinéma. Ou plutôt le pognon qu’elle draine. A moindres frais de préférence. Spécialisée dès sa fondation dans les séries Z en tout-numérique, la compagnie a depuis créé un nouveau sport dont elle est à la fois la seule compétitrice et la seule arbitre : le détournement de blockbusters, tournés à la vitesse v-v’ sans encombres par des créatifs sans créativité et interprétés par des troisième couteaux de l’industrie hollywoodienne. Quelques intitulés, à titre d’exemple : Transmorphers, The Terminators, Paranormal Entity, Almighty Thor ou, plus récemment, Age of the Hobbits. Pour des questions de droits, quelques vocables sautent tandis que la structure du récit elle-même se voit remodelée de A à Z, sans quitter par la suite cette dernière lettre. Rengaine identique et sans fausse note pour Abraham Lincoln, tueur de zombies produit dans le sillage du long-métrage de Timur Bekmambetov, à base, lui, de vampires. Petite nuance cependant puisque pour ce titre, le scénariste-réalisateur Richard Schenkman (The Man from Earth) bénéficie du roman originel dont est inspiré le blockbuster quasi homonyme.
Le bouquin de Seth Grahame-Smith est donc revisité, de manière à faire tenir dans ses rangs une poignée de morts-vivants qui menacent la stabilité d’un Etat alors compromise par la Guerre de Sécession. Et dans ce climat de luttes perpétuelles entre yankees et confédérés, émerge un héros inattendu : Abraham qui manie la faux avec la même habileté que George W. Bush manipulait l’opinion publique. Comme un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, Lincoln, plus à une biographie tronquée ou non près, devient le sauveur d’une nation entière en terrassant une vingtaine de zombies, sourds comme un pot qui plus est. La seule bonne idée de l’ensemble est le retournement opéré par Schenkman lors de la réécriture zombiesque de l’histoire : les castes puissantes et influentes des suceurs de sang cèdent la place à des êtres sans conscience, errant aveuglément dans l’espoir de trouver un cadavre à grignoter. L’allégorie de l’esclave, soutenue par des allusions peu subtiles, puise ses racines dans l’étymologie même du mot "zombie" préféré pour le coup au nom composé "mort-vivant".
Abraham Lincoln, tueur de zombies constitue un piètre mockbuster - pléonasme ? - qui se permet néanmoins quelques folies scénaristiques (dont un sublime anachronisme puisque Lincoln croise la route d’un Théodore Roosevelt enfant pas maladroit avec une pelle pour défoncer du zomblard) et techniques (des combats singuliers bien nerveux quoique mal cadrés). Notons l’interprétation très raide et anecdotique de Bill Obest Jr., le Byron de l’excellent Résolution, sous le haut-de-forme du 16ème président des Etats-Unis.
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