Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Quelques mois après son mariage avec Peter Pan, Wendy accouche de son premier enfant.
Peter Pan est impatient. Wendy est en salle de travail et s’acharne à pousser pour mettre au monde leur enfant. Mais, dès les premières gouttes de sang, les membres en présence sentent que l’accouchement de Wendy ne se passera pas tout à fait comme prévu...
Après que Walt Disney a utilisé le personnage de l’écrivain écossais James Barrie, après que Steven Spielberg a repris à son compte et déstructuré le mythe en mettant en exergue un Peter Pan adulte et
amnésique, croulant sous le poids des responsabilités (c’était le pauvre Robin Williams qui était aux premières loges de ce naufrage anticipé), c’est au tour de Lewis Eizykman, jeune réal frenchy, de s’approprier le bestiaire merveilleux pour l’insérer dans un registre tout autre : celui de l’horreur.
En trois minutes montre en main, le réal distille une imagerie tantôt simple (Wendy sur la table d’accouchement) tantôt métaphorique (la peluche que caresse le capitaine Crochet représente un crocodile) et parvient à provoquer nombre d’émotions diverses au sein du public. Ce dont Lewis se félicite, avançant que dans les festivals plus généralistes, certaines personnes du public quittèrent la salle avant la fin de la projection (ce qui est un comble pour un métrage de 3 minutes à peine). Impossible de ne pas imaginer l’assistance ébranlée face à cet enchaînement abrupt de détails tantôt amusants tantôt sanglants qui entraînent le spectateur lambda dans un tourbillon émotionnel. L’étonnement prime dans cette situation peu commune même si l’intitulé laissait présager des débordements obstétriques. Lui succède le dégoût face aux flux d’hémoglobine qui sourdent en fins filets du vagin maternel avant que ne soit délivrée une créature pour le moins étrange. Enfin, le sourire délivre les lèvres scellées lorsque le dénouement point comme un ultime étendard d’une fiction assumée.
En ce sens, L’accouchement de Wendy est une expérience déroutante. Sa courte durée
ne nuit en rien à l’efficacité du métrage, le dotant au contraire de cet aspect brut et sauvage. Tourné en une seule journée pour un budget de 1500 euros, il est avant tout une nouvelle étape filmique dans la carrière du cinéaste heureux de pouvoir dans un premier temps œuvrer sur le format court afin d’explorer plusieurs styles différents.
Sélectionné dans une kyrielle de festivals nationaux et internationaux (dont le 5ème festival international Curtocircuito de Saint-Jacques de Compostelle et le NIFFF de Neufchâtel), le métrage aura même réussi à glaner l’une ou l’autre récompense (à « Besancourt » et « Tours Métrages »). Outre ces trophées plus honorifiques que véritablement alimentaires, le court aura surtout réussi à procurer à l’ensemble de ses visionneurs plus de sensations que certains longs qui se paient l’avantage des salles obscures…
jai adorer ses 3 min !