Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Le crâne rasé et l’avant bras recouvert d’un tatouage plus que douteux, Adam est accueilli dans la paroisse d’Ivan, un prêtre vivant dans un monde de totale charité chrétienne. Découvrant les autres pensionnaires, tous des ex-taulards, Adam devra mener à bien la tâche qui lui a été attribuée par Ivan : prendre soin du magnifique pommier et y recueillir les fruits nécessaires à la fabrication d’un gâteau aux pommes. Mais la foi et la bienveillance du prêtre seront mises à rude épreuve face à la malveillance de ce néo-nazi adepte d’ultra violence…
Récompensé par pas moins de trois prix au 24ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (le BIFFF, quoi), le troisième film du réalisateur du déjà bien déluré Les Bouchers verts est une fable mordante sur la foi et la rédemption. Après le commerce de viande peu ordinaire, les grenouilles de bénitiers sont de la fête !
Bien que la thématique principale d’Adam’s apples soit la religion, le film d’Anders Thomas Jensen évite soigneusement tous les prêchi-prêcha que l’on pouvait redouter d’une telle production. Mieux que cela, les situations et dialogues oscillent fréquemment entre humour noir et moments graves avec une habilité déconcertante. Bénéficiant d’une grande classe visuelle, le réalisateur a su s’entourer de la même équipe précédemment formée sur Les Bouchers verts et ainsi travailler dans des conditions optimales. On retrouve donc le même directeur photo, le même compositeur ainsi que certains comédiens présents dans son œuvre précédente dont l’incroyable Mads Mikkelsen (Le Chiffre dans Casino royale) qui interprète ici Ivan, un prêtre passablement dérangé, il faut bien le reconnaître.
Si le ton est plus au drame sarcastique qu’au fantastique débridé, le métrage bénéficie d’une aura flirtant parfois avec le surnaturel lors de scènes où les éléments naturels (divins ?) se déchaînent. C’est là toute la force d’Adam’s apples : des personnages bien malaxés (comprenez : psychologiquement intéressants), des situations cocasses, aucun compromis au niveau de la violence (ça éclate peu mais bien !), le tout saupoudré d’humour noir omniprésent et on a là une compote pas comme les autres qui se déguste à part entière.
Barré, Adam’s Apples est un petit bijou d’humour noir sans nul autre pareil qui ne demande qu’à être cueilli par le spectateur avide de nouvelles sensations. Ce qu’il offre, sans aucun doute.
Anders Thomas Jensen se fit un nom très tôt dans son Danemark natal. Excellant carrément à l’écriture de scripts très variés, il se mit très tôt à la réalisation avec le très estimable court Ernst & Lyset mais c’est avec Wolfgang que son talent fut une première fois révélé aux yeux du monde entier. Ce court-métrage, sélectionné aux Oscars, n’eut néanmoins pas la chance de la troisième réalisation de Jensen, Valgaften, qui, elle, gagna la récompense tant espérée. Trois ans plus tard, l’homme remporta aussi le Méliès d’Argent au BIFFF avec son fabuleux Les Bouchers Verts avant de connaître un succès sans précédent à Bruxelles avec Adam’s Apples.
Méliès d’Argent, Corbeau d’Or et Prix Pégase du Public, le cinéaste ne pouvait rêver mieux avec cette fable comico-dramatique. Le crâne rasé et l’avant bras recouvert d’un tatouage plus que douteux, Adam est accueilli dans la paroisse d’Ivan, un prêtre vivant dans un monde de totale charité chrétienne. Découvrant les autres pensionnaires, tous des ex-taulards, Adam devra mener à bien la tâche qui lui a été attribuée par Ivan : prendre soin du magnifique pommier et y recueillir les fruits nécessaires à la fabrication d’un gâteau aux pommes. Mais la foi et la bienveillance du prêtre seront mises à rude épreuve face à la malveillance de ce néo-nazi adepte d’ultra violence…
A l’image de ce qu’il avait réalisé avec Les Bouchers Verts, Jensen s’évertue avant tout à créer une ambiance toute particulière dans laquelle évolueront des protagonistes étonnants. Procédant par l’usage de plans fixes, le cinéaste met d’emblée en exergue le calme religieux des lieux, tranchant singulièrement avec la complexité de personnages viciés au possible. Oscillant sans cesse entre silences pesants et humour noir, le cinéaste danois offre à son œuvre un panel d’émotions variées. Sans jamais se départir de sa bonne humeur, Adam’s Apples se mue petit à petit en une fable à la thématique puissante, déclinée de manière pseudo-manichéenne.
Cette thématique, abordée avec force de détails
amusants, est celle de la religion, du bien et du mal. Sans aucun détour, Jensen parvient à jeter le trouble dans les esprits au fil d’une action pourtant loin d’être trépidante et démonstrative. Agissant essentiellement sur le plan mental, le réalisateur déconstruit au fil du temps la psychologie des protagonistes par le biais de quelques échanges verbaux de grandes qualités. Mais, malgré ces indéniables qualités, force est d’avouer que Jensen n’a jamais véritablement su rendre ses personnages attachants. A l’inverse des Bouchers Verts où les deux héros valaient avant tout pour leur aspect touchant, ceux de Adam’s Apples ne séduisent pas véritablement, la faute à une ambiance sans doute un peu trop froide.
Malgré ce léger point noir, Adam’s Apples demeure un petit bijou d’humour noir. Un peu moins barré et rythmé que Les Bouchers Verts, le métrage de Jensen demeure une œuvre attachante, s’approchant nettement de la fable tous publics.
Donnez votre avis sur le film !