Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Dans une réécriture du conte des frères Grimm, le chasseur supposé tuer Blanche-Neige dans les bois devient son protecteur et son mentor afin de vaincre la Reine maléfique.
Hollywood est apparemment tombé sous le charme de Blanche-Neige : pour la deuxième fois en deux mois, la fille à la pomme envahit les salles obscures du monde entier. Après une version légère, Mirror Mirror, signée Tarsem Singh , voilà que débarque une vision totalement différente du conte des frères Grimm, sous le signe de la noirceur épique.
L’histoire est connue de tous dans les grandes lignes : Raveena est une reine diabolique (Charlize Theron), qui a accédé au pouvoir à la suite d’un coup d’état contre son pauvre mari, et est obsédée par la beauté. Quand son miroir magique lui apprend que sa splendeur est dépassée par celle de sa belle-fille, la pure et resplendissante Blanche-Neige (Kristen Stewart, si si), elle se met en tête de lui arracher le cœur afin de conjurer une malédiction héritée étant enfant et obtenir la jeunesse éternelle. Mais la belle s’échappe et Raveena n’a d’autre choix que d’envoyer un chasseur veuf et alcoolique (Chris Hemsworth) à sa poursuite. Mais celui-ci a pitié de la jeune fille et décide de la prendre sous son aile…
Oui, je vous entends d’ici : comment prendre au sérieux un film dans lequel la resplendissante Charlize Theron est obsédée par la beauté de la mignonne, mais plutôt fade, Kristen Stewart ? Réponse : avec beaucoup de volonté. Une fois ce principe de base accepté(allez, un petit effort), qu’a-t-il à nous proposer, ce Blanche-Neige cuvée 2012 ?
Tout d’abord, il faut bien admettre que le casting de miss Twilight dans le rôle-titre n’était pas un si mauvais choix. Certainement pas l’actrice la plus expressive de sa génération, la demoiselle s’en tire pourtant avec les honneurs et a clairement fait ce qu’elle pouvait de son personnage, pas franchement très profond ou intéressant.
Il faut préciser que pendant la majeure partie du film, à part être effrayée et se montrer très gentille avec tout le monde, créatures féériques et monstres y compris, elle fait pas grand-chose, la Blanche-Neige.
La première partie du métrage fait d’ailleurs la part belle à la reine Raveena, interprétée par la sublime Charlize Theron, visiblement réjouie de pouvoir jouer les méchantes vraiment très méchantes. Sa présence donne une grande partie de son charme au film, même si sa diction…longuement…appuyée…peut finir par fatiguer à la longue.
Si les filles sont au pouvoir dans le film, les mâles sont aussi dans la place : Chris Hemsworth rejoue Thor au pays des contes de fées, pas aidé par un personnage au potentiel sous-exploité, et les fameux nains sont interprétés par des acteurs britanniques de talent (dont Bob Hoskins et Nick Frost) raccourcis par la magie des effets spéciaux. La petite troupe sert surtout à insuffler un peu d’humour au film, qui se prend très au sérieux. Attention, on n’est pas chez Disney ici, et on aime nous le rappeler : entre un meurtre de sang froid au tout début du film et des batailles brutales, on n’est clairement pas ici pour rigoler et siffloter au fond d’une mine.
Mais vouloir rendre son film épique et violent, c’est une chose. Le faire efficacement, par contre… Il faut maintenant l’admettre : Blanche-Neige et le chasseur propose un casting de qualité, mais se fourvoie en ce qui concerne tout le reste. Les personnages peinent à dépasser le stade de simple caricature (à ce titre, l’évolution de Blanche-Neige, qui passe soudainement d’une jeune femme timide et réservée à une guerrière sauveuse de peuple, est bâclée et absolument pas crédible) et si l’histoire se laisse suivre sans déplaisir, elle ne provoque aucun réel enthousiasme.
Il manque clairement quelque chose qui ferait vraiment décoller le film, mais qui n’arrive jamais. Le fait que les principales étapes de l’histoire soient connues d’avance n’aide pas à s’intéresser au sort des protagonistes, et l’impression de simplement assister à un défilé sans génie de séquences obligées (la pomme empoisonnée, le baiser magique,…) se fait parfois ressentir.
Mais, si la part d’enchantement ressentie dépendra de la sensibilité de chacun, il y a un élément qui mettra tout le monde d’accord sur sa médiocrité : les scènes de combats. Si vous en avez assez de la tendance actuelle qui veut que la caméra se doit d’être secouée frénétiquement dès la moindre scène d’action, préparez-vous à souffrir. C’est bien simple, on a souvent l’impression que ces séquences ont été confiées à un parkinsonien alcoolique. Bref, ça bouge dans tous les sens au moindre affrontement, il faut franchement se concentrer pour discerner ce qui se passe à l’écran, et ça peut donner la nausée.
Autant cela peut être acceptable dans une petite production tentant de cacher un budget de misère, autant cela tient plutôt du foutage de gueule dans un projet d’une telle envergure. Et ce gâchis est d’autant plus dommageable que l’aspect visuel du film a son charme et en met plein les yeux le temps de quelques très jolis plans.
Sans être foncièrement mauvais, le premier long-métrage du fils de pub Rupert Sanders est un blockbuster honnête mais qui ne déchaîne aucune véritable passion. Un film qui se laisse regarder faute de mieux, mais qui n’est certainement pas à placer sur sa liste de priorités.