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Six personnes se retrouvent à leur réveil enfermées dans une pièce translucide, à structure métallique, parfaitement cubique.
Ancien story boarder, Vincenzo Natali s’est peu à peu fait un nom dans le cinéma grâce à son court-métrage Elevated dans lequel trois personnes étaient prisonnières d’un ascenseur à l’abri d’une menace extérieure.
Fidèle à cette idée d’enfermement, Natali nous propose avec son Cube un élargissement de la thématique de son court. Le nombre de prisonniers a considérablement grandi. Quant au lieu, il est plus terrifiant parce que plus vaste et moins habituel. Plusieurs personnages qui ne se
connaissent pas devront tenter de trouver une issue à cette machine diabolique. Le caractère létal du cube nous est montré assez rapidement par l’intermédiaire d’un découpage assez gore de l’un des personnages. Dès lors vient s’ajouter à l’angoisse claustrophobique la peur de mourir accompagnée de son inéluctable instinct de survie.
Outre les pièges extrêmement inventifs créés par l’auteur qui satisferont les amateurs d’hémoglobine, le métrage se révèle être un bijou d’inventivité surtout dans la description ontologique qu’elle apporte. Se centrant davantage sur les personnages que sur le lieu pourtant particulier, Natali nous place au milieu de ce microcosme fait de tensions et de jalousies en tout genre. Chacun a une fonction particulière, chacun possède un don qui est la clé de la survie, chacun possède un bagage singulier qui en fait un être unique. Mais surtout, à l’instar des télé-réalités qui se plaisent à rassembler des brassées de désoeuvrés dans un lieu unique pour leur apprendre à se taper dessus, le cube permet de voir émerger toute une série de tensions et d’inimitiés qui foutent le progressivement le groupe en l’air.
Pour renforcer cette atmosphère dérangeante, Natali prend un malin plaisir à créer des situations assez inquiétantes de par leur inadéquation aux règles de la logique. Ainsi, le célèbre roitelet qui est parvenu à s’échapper de nombre de prisons est un des premiers à subir la loi implacable du cube. De même, le policier représentant l’ordre ne parvient-il pas à maintenir un semblant de calme au sein des pièces colorées du cube. Sans oublier le fameux handicapé mental qui connaîtra une issue assez étrange compte tenu des règles généralement établies dans les films de genre.
Le tout sublimé par des qualités techniques incroyables. Côté images, le film regorge d’inventivités : utilisation des couleurs différentes selon les pièces avec une fonction bien particulière (les salles bleues apaisantes regorgent souvent de pièges, les salles rouges effraient par leur suggestion malsaine), rendu convenable des décors et utilisation sans bornes de plongées et contre-plongées pour opprimer ou magnifier les
personnages. Côté son, malgré une absence de musique volontaire (donnant au métrage sa force de fiction amateur), les différentes sonorités sont bel et bien présentes et servent énormément l’intrigue : bruitages répétitifs des ouvertures de trappes, accélération des cons lors des déplacements des pièces, silence de mort lors de la séquence du détecteur de sons (moment d’anthologie), …
Sur son passage, Natali renverse tout et parvient à créer une œuvre extrêmement angoissante malgré des conditions de tournage précaires : budget limité, tournage en 21 jours, casting d’amateurs, … En signant Cube, le réalisateur prouve une nouvelle fois que faibles budgets et ambitions de géant ne sont pas incompatibles, il suffit juste de trouver LA bonne idée et d’avoir un minimum de talent…
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