Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié...
Le Tarantino nouveau est toujours un événement. Qu’on aime ou pas, on va obligatoirement en entendre parler. Quentin a atteint, plus rapidement que n’importe qui d’autre, un statut quasiment divin désiré par tant d’autres. C’est bien simple, on ne va plus voir un film, on va voir « Le Tarantino ». Et cette fois « Le Tarantino » est Django Unchained, un western tendance spaghetti reprenant, du moins de nom, un des personnages les plus emblématiques du genre : Django. Après la seconde guerre mondiale avec Inglourious Basterds, il s’attaque au film d’époque, avec costumes, reconstitution et tout le tintouin. Coïncidence ou non, les deux films souffrent pratiquement des mêmes défauts comme si l’abandon du temps présent laissait Tarantino un peu coi. Son cinéma a toujours été celui de la citation, de l’hommage et du clin d’œil, Django Unchained ne faillit pas à la règle et, toujours comme dans Inglourious Basterds, il pousse l’hommage jusque dans son titre, même si, au final, son film n’a que très peu de points communs avec celui dont il s’inspire. Un nom, une époque et c’est à peu près tout. Bien entendu, il ne peut s’empêcher de convier Franco Nero, interprète du tout premier Django, pour un clin d’œil lourdaud et gratuit.
Tarantino aime aussi la vengeance, elle est présente dans tous ses films et occupe ici une part majeure
de l’intrigue puisqu’elle est la motivation première de Django. Pourtant, dès le départ, la dimension revancharde est mise de côté au profit du Docteur King Schultz, sublimement interprété par Christoph Waltz qui fauchait déjà la vedette aux bâtards sans gloire et se montre tellement exceptionnel dans son interprétation qu’il semble capable de marcher sur l’eau si Quentin le lui demandait. Waltz porte littéralement une bonne partie du film sur ses épaules et est le véritable moteur du récit, ne laissant à un Jamie Foxx très en retrait qu’un rôle d’accompagnateur, d’observateur même. Jamie Foxx dont le personnage de Django est très maladroitement écrit, peine à exister face à son acolyte.
La première heure de film, souvent trop référentielle, passe en revue une bonne partie de la filmographie de Sergio Corbucci, de Django au Grand Silence (la scène dans la neige et le manteau de fourrure de Waltz) en passant par Il Mercenario, bien portée par le rythme et la mise en scène de Tarantino qui s’amuse de son sujet et multiplie les bonnes idées. Passé ce cap, les personnages débouchent dans une plantation de coton qui annonce la fin du rêve. Le récit s’embourbe et ne laisse plus place qu’à de longs tunnels de dialogues dépourvus d’enjeux. Les personnages discutent pour discuter et une scène de repas s’éternise, s’éternise et s’éternise encore, Tarantino semblant ne pas avoir la moindre idée de ce que ses personnages pourraient bien avoir envie de se dire. Pour couronner le tout, l’interprétation de Leonardo Di Caprio et de Samuel L. Jackson laisse à désirer, les deux comédiens d’habitude très bons, se contentent de cabotiner, partageant le désarroi du créateur Tarantino. Si cela sied au personnage joué par Di Caprio, un méchant plus idiot que vraiment méchant, cela fonctionne beaucoup moins sur le personnage de Samuel Jackson, sorte de version outrée d’Uncle Ben’s. Il en devient tout simplement insupportable à l’écran, sa perversité et sa mesquinerie se voient réduites à néant, le personnage devient superflu.
Pourtant, des idées, Django Unchained n’en manque pas mais elles ne sont pas toutes bonnes malheureusement. Pour preuve, cette scène versant dans la comédie bas de gamme présentant un proto-Ku Klux Klan. Cette scène est emblématique des difficultés rencontrées par Tarantino sur le développement de son Å“uvre. Le western, italien qui plus est, est un genre qui privilégie l’image. Naturelle. Brute. Dépouillée. Belle. Forte. Tarantino privilégie pour sa part le poids des mots au choc des images. Plus encore, dans un western, les images ont un son. La boue, le sable, le gémissement des chevaux, les animaux, les respirations, les grattements de barbe participent activement à la dimension sonore de l’Å“uvre. Les images de Django Unchained sont muettes, ce qui enlève une bonne partie de l’atmosphère propre au western. Quentin pallie cette absence à l’aide de morceaux de logorrhées ou des chansons anachroniques qui ne fonctionnent que très rarement à l’écran.
Ces deuxième et troisième heures montrent surtout un film crouler sous son propre
poids. Sous le poids des bavardages qui ne font pas avancer l’action. Sous le poids d’une certaine paresse scénaristique multipliant les raccourcis et les incohérences par moment assez grossières. On a connu Tarantino beaucoup plus exigeant et brillant dans son écriture. A titre d’exemple, la grande scène du gunfight durant laquelle Tarantino, pour masquer son manque d’idées, couvre les murs de sang, fait gicler l’hémoglobine et rajoute du hiphop cool par-dessus. Une façon très putassière de recouvrir la pilule de fraise avant de la faire avaler au spectateur. Une scène sans structure, sans tension, sans véritable mise en scène. Une scène qui tient de la boucherie pure et simple et va réduire tout l’intérêt de la fin du film à un niveau proche du néant.
On peut se montrer dur avec Tarantino car on sait que le bonhomme est capable de beaucoup mieux que ça. Il l’a déjà prouvé et le prouve encore pendant Django Unchained mais par intermittence, pas à -coups. Cela lui permet de ne pas prendre de risque et de servir la soupe à ses admirateurs en se rattrapant aux branches grâce à son simple talent naturel et à la grâce de son acteur principal : Christoph Waltz. Django Unchained possède ses bons moments mais souffre de nombreux défauts inhabituels chez son auteur. Ce n’est certainement pas le meilleur film mettant en scène Django mais c’est loin d’être le pire. On saura gré à Tarantino d’avoir emmené le personnage ailleurs, de l’avoir embarqué dans son univers laissant intacte la création du duo Corbucci-Nero.
Voilà que Tarantino s’empare officiellement du western, après maintes citations et références déjà dispersées au sein de sa filmographie. Une incursion fébrilement attendue, d’autant que le trublion QT rallonge avec ce Django Unchained la liste déjà bien conséquente des films ayant fait suite (souvent sans liens directs) au chef d’œuvre de Sergio Corbucci daté de 1966.
Procurant un plaisir immédiat grâce à ses nombreuses séquences savoureusement bavardes, son casting parfaitement choisit, ses jaillissements de violence graphique, ses références à la pelle et sa bande-son délicieusement anachronique, Django Unchained forme sans aucun doute un grand moment de fun. Mais si ce Django est une nouvelle opportunité pour le réalisateur de nous (s’)amuser, il est aussi une occasion, après Inglourious Basterds, d’illustrer à sa manière un bout d’Histoire. A ce sujet, le nouveau film de Tarantino est peut-être bien l’un des plus cruels, démontrant avec rage les comportements humains les plus absurdes que l’Amérique ait connu. Il s’agit bien évidemment des horreurs de l’esclavagisme, et même plus globalement du trafic humain, les hommes et femmes étant ici traités comme du bétail, rendus serviles ou exécutés, tout ça pour une poignée de dollars (de plus). La bonne idée de Tarantino étant dès lors d’unir au cœur de cet ouest sauvage un chasseur de primes – qui plus est allemand – (parfait Christoph Waltz) avec un esclave (le tout bon Jamie Foxx) qui l’aidera à traquer les meurtriers qu’il recherche en échange de quoi ce dernier aura l’opportunité de retrouver sa femme détenue au cœur de la plantation du puissant Calvin Candie (succulent Leonardo DiCaprio). S’ajoute à ce trio des personnages de second plan tout aussi savoureux/ignobles/vils (eh oui, chez Tarantino on peut être à la fois un beau et charmant salaud) tel que le serviteur Stephen interprété par Samuel L. Jackson ou un Big Daddy xénophobe (le quasi méconnaissable Don Johnson) à l’origine d’un Ku Klux Klan lourdaud. Mais la plus brillante idée du cinéaste est probablement de faire du traitre Stephen le véritable bad guy du film, ou en tous cas la plus vile de ses raclures, puisqu’il n’est rien de moins qu’un noir se comportant tel un blanc esclavagiste. Plus méprisable tu meurs.
Tout Tarantino est donc là , jouissif comme il faut mais, nouveauté, avec un fond un peu plus consistant qu’à l’accoutumée. Pas étonnant que d’aucuns aient criés au scandale, un film tel que Vénus noire, qui traitait sérieusement d’un sujet tout aussi grave et similaire (là , une personne de couleur traitée comme un animal) entraînant déjà de violentes réactions. Alors quand c’est fait avec décalage, imaginez un peu ! Si cet aspect en particulier ne nous choque guère, bien du contraire (le film a beau être cool et funky, les scènes de torture restent dérangeantes et jamais fun, contrairement aux gros bouillons d’hémoglobine jaillissant des « bad guys » qui se font canarder), ce sont plutôt quelques scories qui auraient tendance à nous gêner. Loin d’être parfait, Django Unchained souffre de quelques longueurs (lors de l’une ou l’autre scène dans le dernier tiers du métrage particulièrement, où Tarantino, mauvais acteur, se met lui-même en scène) et arbore un montage parfois curieux (la scène du Ku Klux Klan tombant un peu à plat) sacrifiant parfois même des morceaux de sa pourtant fabuleuse playlist en les plaçant n’importe où ou en les abrégeant brusquement. On pourrait également regretter que le bonhomme a du mal à se renouveler et que, malgré ses multiples références, l’auteur que Tarantino cite le plus est au final…lui-même ! Mais ce ne sont finalement que quelques broutilles à côté du plaisir ressenti devant ce western pas comme les autres qui plus que jamais porte, pour le plus grand plaisir de ses amateurs (et le malheur de ses détracteurs) la marque de fabrique de son incroyable géniteur. Tarantinoooooo !
Plus qu’une série B jouissive rendant hommage aux films de Corbucci (surtout dans sa première heure), Django Unchained illustre de manière tout à fait tarantinesque une part sombre de l’Histoire de l’Amérique, le réalisateur apportant par là un peu plus de profondeur qu’à l’accoutumée à son œuvre. Grand moment de cinoche !
bien construit et ficeller, sujet sur l esclavagisme bien traiter jeux d acteur irreprochable, sanglant et cruel, egal a Quentin , bravo Tarantino du grand.... Art. A voir Absolument..
Tout à fait d’accord avec l’avis de Seb...
Le nouveau Tarantino est (encore) un orgasme cinématographique. Un film ambitieux bourré d’idées insolentes. Un travail d’artisan généreux, inventif et raffiné. "Django Unchained" rentre dans la catégorie de ces films de genre extrêmement rares qui parviennent à être profonds sans se prendre au sérieux, Tout l’art de créer des atmosphères dans lesquelles on passe de l’humour à la tragédie en l’espace d’un instant. Et si cette charge émotionnelle parvient à exister, c’est grâce à l’amour incommensurable que Tarantino porte à ses personnages, à l’image du Docteur King Schultz, incarné par Christoph Waltz, héros magnifique d’un moment de ciné exceptionnel qui offre quelques climax d’anthologie et une dose d’humanisme inattendue.
Les reproches faits à Tarantino concernant son usage du burlesque pour des sujets graves, comme la Shoah ou l’esclavage des noirs, sont aussi crétins que ceux faits à Begnini pour son « La Vita E Bella ». En fait, on peut rire de tout. La question est de le faire avec talent. Tarentino n’en fait pas tellement preuve dans son Django. Il étire trop systématiquement ses scènes, dont certaines, sont tantôt vides, et vaines, tantôt manquant de rythme. Les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur de l’effort de stylisation « vintage » qu’il veut créer. On est parfois franchement intrigué, de temps en temps, on rigole franchement, mais on trouve quand même ces presque trois heures interminables. En fait le problème avec Tarentino, est qu’il est devenu, depuis plusieurs années, paresseux et cabotin, au point
pas le meilleur des Tarentino mais sauvé par une dernière heure épique dans l’interprétation . DI CAPPRIO et WALTZ y sont époustouflants.
Excellent tout simplement. Des références par dizaines, des plans typiquement western et un scénario touffu et remplit de rebondissements en tout genres. Des acteurs formidables en particulier Leonardo Di Caprio et Samuel L. Jackson. Drôle, incorrect et intelligent avec un thème finalement rarement abordé dans le western (l’esclavage).
Et voila, c’est du Tarantino ! On aime ou on n’aime pas mais ça ne peut pas laisser indifférent. Il vaut mieux aussi posséder quelques références cinématographiques pour mieux savourer Sergio Leone, Ennio Morricone, ou même Richie Havens !
Une ambiance, des dialogues, un décor contrasté et quelques regards ... A voir sur très grand écran !
En fait, on ne peut pas ne pas aimer.