Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Un reporter et sa caméraman sont coincés lors d'un reportage à l'intérieur d'un immeuble placé en quarantaine, où d'étranges créatures vivent...
Par Dante
En quarantaine (ou Quarantine en vo) est un cas d’école dans l’histoire du cinéma. L’année dernière, Paco Plaza et Jaume Balaguero choquaient le monde avec le très immersif Rec, relançant la mode de la caméra subjective par la même occasion. Succès international immédiat, sauf aux Etats Unis, qui pour d’obscures raisons d’import refusent de sortir le film sur ses écrans des films étrangers et préfère en donner leur propre version. Après remakes et reboots, vient l’ère du copié-collé. Monument de mauvaise foi donc, En quarantaine est un plagiat plan par plan de son homonyme espagnol, destiné au public
américain, visiblement peu réceptif au génie européen.
Difficile en réalité de parler de ce film, tant il est proche de Rec. Les producteurs américains poussant la mauvaise foi jusqu’à l’inconhérence, du fait que le film de Balaguero et Plaza se déroulait dans un immeuble de Barcelone où il est tout à fait dans les mÅ“urs de trouver un atelier de confection au rez-de-chaussée. C’est en revanche un peu moins courant d’en trouver dans les immeubles américains. Qu’à cela ne tienne, sans avancer la moindre explication, l’action se déroule donc dans un immeuble proprement semblable à l’original. Et outre ce détail, le scénario s’avère tout à fait similaire, même si parfois Quarantine se permet quelques écarts ou ajouts. Le film américain dure en effet quinze minutes de plus que son homologue hispanique et se démarque par sa volonté d’aller plus loin dans le gore et le spectaculaire, ceci à travers une plus grande présence des militaires qui cernent la zone, l’ajout d’un sniper, de personnages supplémentaires dans l’immeuble, et de scènes d’action inopinées comme un meurtre perpétré par le caméraman avec sa caméra. Les Américains sont donc fidèles à leur réputation et cèdent à la surenchère sans se soucier de la subtilité.
Mais il est tout de même difficile de considérer En quarantaine comme une péloche aussi maitrisée que ne l’était son modèle. Dans la mesure où Balaguero et Plaza assumaient complètement le concept de caméra subjective, quitte à rendre l’action parfois illisible afin de préserver une intégrité remarquable et une impression de réalisme surprenante. En quarantaine, dans sa volonté de copier, perd fatalement de sa sincérité, et termine de détruire sa propre légitimité en flinguant le
procédé de la cam’ amateur. Les réals préfèrent visiblement soigner leur image et lui donner l’allure d’un docu façon Michael Moore, là où Matt Reeves était parvenu avec son Cloverfield à pousser à l’extrême le côté gerbant de l’entreprise. De surcroit, En quarantaine achoppe à nouveau sur el choix de son casting, largement moins amateur que celui des Ibériques qui préférèrent engager des perles anonymes. Ici, la journaliste est campée par Jennifer Carpenter (la sÅ“ur de Dexter et la possédée de L’exorcisme d’Emily Rose), le pompier est interprété par Jay Hernandez (le rescapé d’Hostel) tandis que l’immeuble est peuplé de visages connus comme Rade Serbedzija (Boris dans Snatch) ou Dania Ramirez (la jolie mexicaine d’Heroes).
En quarantaine est donc un film totalement dispensable qui restera une preuve inéluctable de la mauvaise foi et de l’opportunisme des producteurs d’Hollywood.
Quelques mois à peine après la sortie officielle de l’immersif Rec du tandem hispanique Balaguero-Plaza, les Américains lancent sur le marché leur propre version, formatée pour un marché visiblement réfractaire à l’exploitation perles étrangères. Ultra-original, le remake se borne à reprendre au plan près, la recette prémâchée par l’œuvre originelle qu’il allonge ponctuellement de l’une ou l’autre séquences additionnelles, destinées à en étirer la durée originale, estimée trop courte par les canons hollywoodiens.
Jennifer Carpenter emprunte donc la casaque des sapeurs-pompiers à son homologue espagnole Manuela Velasco et s’engouffre à son tour, accompagnée de son cameraman attitré, dans un immeuble mis en quarantaine. Sorte de symbole, l’intitulé du présent métrage insiste d’ailleurs uniquement sur cet isolement inquiétant et abandonne
volontairement l’anglicisme original, jugé trop flou. Foin du mystère et de l’inexplicable, John Erick Dowdle et son frère Drew, co-scénariste et producteur, créent une Å“uvre noyée dans les explications et évidée de toute confusion superflue (les découvertes du dernier appartement renvoient ici toutes à l’épidémie présumée, le magnétophone est inaudible, alors que dans Rec planait le doute quant à une éventuelle cause surnaturelle, via des coupures de presse évoquant un exorcisme et un charabia incompréhensible qu’active la journaliste en pressant la touche « Play » du magnéto).
Allongée à la gnôle afin d’en dissiper le goût de base et vidée de sa substantifique moelle (l’effet de surprise), la pellicule n’est qu’une copie pâlotte de l’identique, dont elle pompe à la lettre le moindre sursaut. Jennifer Carpenter, à peine rétablie de sa prestation de gueularde dans L’exorcisme d’Emily Rose, a beau s’égosiller avec force et passion, l’intérêt de l’entreprise est étouffé dans l’œuf par une production si pressée de capitaliser sur le succès de son modèle qu’elle ne se limite qu’à une reproduction qu’on estimera en fin de compte flatteuse. Ni mauvais ni honteux, juste inutile...
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