Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
En partant du corps d'un voleur, des mains d'un sculpteur et du cerveau d'un savant, le docteur Frankenstein veut créer un être humain personnifiant l'homme idéal. Mais il va donner vie à une créature monstrueuse doué d'une force surhumaine qui va semer la terreur autour de lui.
Avant d’être guillotiné, le baron Frankenstein reçoit dans sa cellule un prêtre à qui il raconte son histoire. Désireux de dépasser les limites de la science actuelle, il a conçu un être à partir d’éléments de cadavres. Le corps d’un voleur, les mains d’un sculpteur et le cerveau d’un savant constituent les différentes parties de ce corps rapiécé, censé représenter l’homme idéal. Mais la créature, dotée d’une force
surhumaine, ne se satisfait pas de sa condition d’esclave à la solde de son inventeur…
Née durant les années 30, la Hammer productions s’essaie dès les années 50 dans le genre fantastique et réalise avec Le monstre et sa suite, La marque, deux coups d’éclat qui l’amèneront à persévérer dans la branche du film de genre. Alors que les droits du roman de Mary Shelley viennent de tomber dans le domaine public, l’idée de remettre au goût du jour la créature de Frankenstein éclot chez Max Rosenberg, idée bientôt reprise par les producteurs de la Hammer, Hinds et Carreras. Au départ, Boris Karloff est envisagé pour réinterpréter le monstre muet qui l’a rendu célèbre dans une relecture en noir et blanc du film de Whale. Mais Universal, peu désireuse de voir ses œuvres fondatrices plagiées, menace de poursuivre la firme anglaise. Du coup, par crainte des tribunaux, le scénario initial est abandonné au profit d’un nouveau script, rédigé par Jimmy Sangster, se centrant davantage sur la personnalité du baron que sur celle du monstre et abandonnant le look rectangulaire et boulonné de Karloff pour un design plus décomposé du monstre.
A contre-courant des films de James Whale (dont deux éléments seulement sont repris de manière timorée avec l’enfant au bord de l’eau et l’aveugle incapable de distinguer l’horrible aspect de la créature), Frankenstein s’est échappé attribue le rôle principal au baron Victor Frankenstein, savant fou qui s’attribue les pouvoirs du démiurge et soumet ses principes moraux à des intérêts pseudo-scientifiques. Dans le rôle de l’anti-héros, l’incroyable Peter Cushing, gloire de la télévision anglaise qui signe aveuglément un contrat qui lui permettre d’être édifié au rang d’acteur-phare du cinéma d’horreur (il rempilera plusieurs fois pour le rôle du baron et deviendra Van Helsing dans les relectures du mythe de Dracula). Premier film sur le thème en couleurs (après que le
projet de réaliser Le fils de Frankenstein en Technicolor a été abandonné), Frankenstein s’est échappé constitue une véritable résurrection de la mythologie amoindrie depuis les chefs-d’œuvre de James Whale par une série de sous-productions douteuses (Frankenstein rencontre le loup-garou, La maison de Frankenstein) et est à l’origine d’une étonnant revival qui s’affranchit complètement du matériau originel (le livre de Shelley présentait un inventeur rongé par moult turpitudes) en faisant du baron le véritable monstre.
Frankenstein s’est échappé marque d’une pierre deux coups puisqu’il marque le premier pas d’une revisite originale du mythe de Frankenstein autant qu’il atteste de la naissance d’un énorme réalisateur, pourtant déjà auteurs d’une trentaine de films, le génial Terence Fisher.
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