Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
En plus de sa recherche du grand amour et d'indépendance, la belle Elizabeth Bennet doit composer avec une invasion de zombies.
Adepte du genre horrifique (il a d’ailleurs consacré un bouquin à ce sujet pour survivre dans les films d’horreur), Seth Grahame-Smith est frappé par la grâce de l’économie littéraire grâce à son éditeur : plutôt que de taquiner la muse pour écrire un roman destiné aux rayonnages les plus cachés des bouquinistes, pourquoi ne pas reprendre un classique de la littérature et l’adapter pour s’attirer la sympathie d’un lectorat moins poussiéreux ? Son dévolu tombe sur Orgueil et Préjugés de Jane Austen dont il reprend 85% du contenu. Les trous restants servent à accoler à ce roman de développement personnel quelques éléments accréditant la thèse d’une peste zombiesque qui ravage l’Angleterre. En résulte que les filles Bennet, en plus de chercher à tout prix le mari le plus adéquat pour leur avenir financier, assurent leur propre survie physique en développant leur compétence en matière de destruction de morts-vivants.
Le mashup suffit à séduire le tout-venant : les librairies sont prises d’assaut et Orgueil, Préjugés et Zombies devient un best-seller destiné à connaître les faveurs du grand écran. Pourtant, la production, lancée en 2010 avec Natalie Portman en premier rôle, cahote et le roman se fait griller la priorité par une autre transposition d’un livre de Grahame-Smith, Abraham Lincoln : chasseur de vampires. De fil en aiguille, le projet est remis sur le métier (Portman bascule à la production) dans l’espoir de ne pas atteindre le même niveau de médiocrité du film de Bekmambetov. Il faut capitaliser sur l’aspect sexy de l’Å“uvre, principalement la relation unissant Elizabeth Bennet (le joli minois de Lily James qui vient de prêter ses traits à Cendrillon est tout trouvé) et l’élégant et ténébreux Mr Darcy (Sam Riley) ainsi que sur les affrontements avec ces créatures venues d’outre-tombe. Un "double bill" qui s’avérait déjà peu efficient sur papier et se montre tout aussi casse-gueule à l’écran.
Malgré le soin apporté à accentuer le côté burlesque de la chose (Matt Smith est irrésistible dans la peau de pasteur Collins), le navire prend rapidement l’eau : oscillant sans cesse entre le ton de la comédie et de l’épouvante, chancelant du cadre historique au surréalisme de cette confrontation anachronique, bouffant à tous les râteliers pour s’attirer jeunes et moins jeunes, le film de Burr Steers, réal de 17 ans encore, devient une parodie au carré, une sorte de mashup lourdingue et pataud entre Day of the Dead et Madame Bovary.
Sans le moindre préjugé ni orgueil, il convient de laisser de côté cette Å“uvre sans inventivité qui se cantonne à reproduire servilement l’entreprise opportuniste originelle. Même les zomblards n’y croient pas une seule seconde et freinent leur appétit, c’est dire...
Ni un bon film d’époque, ni un bon film de zombies, cet Orgueil et Préjugés et Zombies reste appréciable durant sa première heure grâce à sa distribution et sa photographie de qualité. Les 45 minutes restantes, elles, semblent interminables.
L’œuvre originale de Seth Grahame-Smith n’était déjà pas folichonne mais le film parvient à faire pire. Pas grand chose à voir dans cette petite série B bavarde...
Pas honteux, ce Pride and Prejudice and Zombies se laisse regarder sans déplaisir, mais la sauce entre élans romantiques, bons sentiments et éclats gentiment gore ne prend jamais (R.I.P. Jean-Pierre Coffe, apôtre du bon goût culinaire). Ça paraît très long, mais n’oublions pas que c’est librement inspiré de Jane Austen. Ceci expliquant cela.