Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Adapté du roman Hors de Moi de Didier Van Cauwelaert. La vie de Martin bascule après un accident de voiture : à sa sortie du coma, personne, pas même sa propre femme, ne le reconnaît. Il apprend qu'un autre homme a pris son identité et cherche à le tuer. Avec l'aide d'une jeune femme, Martin va tout mettre en oeuvre pour prouver qui il est.
Le docteur Martin Harris se rend à Berlin en compagnie de son épouse pour assister à la conférence d’un de ses éminents collègues. Mais, alors qu’il fonce à l’aéroport pour récupérer une valise qu’il a oubliée sur le tarmac, le taxi qui le conduit entre en collision avec un autre véhicule et plonge dans le fleuve. A peine sorti du coma, Martin retrouve sa femme qui ne le reconnaît pas et se balade au bras d’un
autre Martin Harris...
Sans identité intègre la caste très fermée des films qui se résument à leur simple intitulé, aux côtés de Super, Disaster movie ou Violent shit. Le constat est d’autant plus malheureux que cet actioner souvent surfait, parfois crétin s’appuie sur Hors de moi, l’un des meilleurs romans de Didier van Cauwelaert avec L’Évangile de Jimmy. Joël Silver, le mogul de la production écervelée Dark castle (Le vaisseau de l’angoisse, 13 fantômes, Donjons et dragons), renversé par la lecture du roman, décide d’en acquérir les droits en vue d’une transposition à l’écran et de se mouler au modèle du mètre-étalon Jason Bourne. Le projet est confié à Jaume Collet-Serra, seul faiseur de son écurie à enfanter d’Å“uvres plus ou moins décentes et qui a démontré, avec Esther, son excellence dans le créneau shyamalanien du "film à twist". A l’évidence, le cinéaste n’a pas mieux appris à lier sa sauce, peu aidé en la matière par les triturations de gratte-papiers habituellement reversés dans le scriptage de téléfilms. Le mystère entretenu par van Cauwelaert dans son roman (le lecteur doute de la mémoire défaillante du héros et, du coup, de la véracité de ses certitudes) se liquéfie au fil des minutes pour céder la place au grand spectacle, celui-là même qui fait vibrer les amateurs des actioners
pyrotechniques survitaminés au plus grand mépris de la loi de la pesanteur (genre pour lequel, depuis Taken, Liam Neeson, semble prédisposé). En l’occurrence, les courses-poursuites équarrissent le réseau routier berlinois avec une fureur à peine croyable, le héros passe du statut de lamentable geignard en as de la lutte en deux temps, trois mouvements et l’espace-temps se racornit de manière substantielle pour les besoins de la cause scénaristique.
Mais, sous ce vernis actioner pitoyable transformant une conclusion déjà peu crédible dans le matériau original en une manipulation éhontée, se terrent pourtant les reliques d’un thriller palpitant dont la majorité des éléments a été conservée en l’état. Le marionnettiste Collet-Serra, après avoir réussi à duper quelques spectateurs avec sa précédente entreprise de prestidigitation (préférez Joshua à Esther), réitère l’essai pour terminer une nouvelle fois hors-touche.
Une absence totale de sens de la gravité, effectivement. On a rarement vu le thème de la rédemption bâclé et décrédibilisé à ce point. Ce film est une ivrognerie.