Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?
Fantasmé depuis longtemps, l’instant où l’intelligence artificielle tuera le père trouve, avec Transcendance, un nouvel avatar. Un sujet dans l’air du temps, dont profite Wally Pfister (directeur photo de Christopher Nolan, de Memento à The Dark Knight Rises) pour réaliser son premier film.
Malgré son statut de blockbuster, Transcendance accorde assez peu de place à l’action (en-dehors de sa dernière demi-heure), et préfère se focaliser sur le développement de l’I.A. Jack Paglen, le scénariste, a bien potassé pour fournir une base réaliste au récit (même si l’on reste bien entendu dans une fiction composant avec quelques extravagances). Contrairement à d’autres films de ce type, qui se concentrent souvent sur les humains, Transcendance passe beaucoup de temps à décrire ce Will numérisé, et sa manière de poser les jalons de son futur. Point de vue thématique, c’est l’occasion de s’emparer d’enjeux actuels (les anti-technologiques et le retour à la nature, l’interconnexion, les nanotechnologies,…), et de développer un bout de réflexion philosophique (l’I.A. comme un Dieu, le concept de « Transcendance » même). Beaucoup de pistes intéressantes, malheureusement trop peu explorées. C’est l’un des paradoxes de ce film : malgré les nombreuses scènes dédiées à Will/ l’I.A., le réalisateur ne s’enfonce jamais plus loin de la surface des thèmes abordés. La raison est peut-être que Transcendance reste, avant tout, une romance, à laquelle Wally Pfister consacre beaucoup de temps.
Cette relation de couple (glissant vers un triangle amoureux) devrait humaniser ce récit. Pourtant, Transcendance manque d’émotion. Est-ce parce que les personnages n’étaient passez assez étoffés dans le scénario ? Ou est-ce parce que le réalisateur, directeur photo de formation, n’a pas su tirer profit de son prestigieux et expérimenté casting (Johnny Depp, Rebecca Hall, Paul Bettany, Cillian Murphy, Morgan Freeman, Kate Mara) ? Quoi qu’il en soit, difficile d’éprouver un quelconque attachement pour ces personnages ou de s’intéresser à leur destin (annoncé d’emblée). L’encéphalogramme émotionnel reste plat du début à la fin. Ironiquement, tout semble froid, dépourvu de chaleur humaine.
A l’inverse, on pourra s’amouracher des belles images de Wally Pfister. Il est clair qu’il maitrise bien plus l’aspect technique de son film que le jeu de ses acteurs. Visuellement, Transcendance est le réceptacle de quelques instants merveilleux pour la rétine. Les effets visuels associés aux nanotechnologies sont, par exemple, une belle réussite. De manière générale, Pfister filme son sujet de manière très propre. Cette sagesse colle parfaitement au tempo général du film, très posé. Trop, peut-être.
Pas aussi spectaculaire qu’un vrai blockbuster, pas aussi profond qu’une œuvre comme Her (en ce qui concerne la relation entre un humain et une I.A.), Transcendance est un film hybride, qui laisse une légère impression de vide. Ni bon ni mauvais, il est du genre discret, de ceux qui
rejoignent vite la cohorte des films vus sans désagréments, mais pas assez marquants pour laisser un souvenir durable. C’est ce qui lui vaut, peut-être, de rejoindre une liste de films à gros budgets (composée entre autres de John Carter et de Lone Ranger), qui sombrent plus pour des raisons externes (mauvais positionnement/ timing, mauvaise com’) que pour leurs qualités artistiques.
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