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Le célèbre et impitoyable justicier, Batman, est de retour. Plus beau, plus fort et plus depoussiéré que jamais, il s'apprête à nettoyer Gotham City et à affronter le terrible Joker...
Un mystérieux justicier, déguisé en chauve-souris, sème la terreur parmi les malfrats qui ont fait de Gotham City la ville du crime et de la violence. Parmi eux, un certain Carl Grissom, un parrain de la pègre locale et homme d’affaires peu scrupuleux, s’attaque à d’innocents passants pour les dépouiller. Par ailleurs, Jack Napier, bras-droit de Grissom, entretient une liaison avec la petite amie de ce dernier. Pour se venger de cet adultère peu flatteur, Grissom tend un piège à son homme de main en le propulsant dans les mains de la police. Napier tombe alors dans une cuve d’acide qui le défigure. Peu après, un nouveau criminel démoniaque, le Joker, sème la terreur sur la ville...
Désireuse de réitérer le succès rencontré par Superman lors de la précédente décennie, la Warner décide de mettre en chantier une adaptation de Batman, célèbre concurrent de l’homme au grand S. Le projet échoit à Tim Burton qui vient de remporter de francs succès avec Pee-Wee et Beetlejuice, deux comédies déjantées dotées d’un univers singulier.
Ebloui par l’œuvre de Frank Miller qui proposait une relecture du mythe de la chauve-souris en lui accolant une aura plus sombre et plus violente, Burton décide de retourner aux sources de l’œuvre créée par Bob Kane en 1939. Batman n’est plus le super-héros gentillet popularisé par la série télévisuelle : le héros, schizophrénique sur les bords et manichéen à l’extrême, se cherche et tente de légitimer chacune de ses actions. Du protecteur de la veuve et de l’orphelin, il s’est métamorphosé en un être intègre et honnête dont la seule soif de vengeance suffit à le rendre détestable en même temps que plus humain. Car, ce qui caractérise le
héros burtonien, c’est justement l’humanité de celui-ci (le choix de Michael Keaton loin du golden boy bodybuildé attendu). Volontairement effacé, gangréné par un côté obscur qui sommeille en lui, Bruce Wayne, comme Batman, est un individu lambda capable du meilleur comme du pire. Ainsi, n’hésite-t-on pas à nous le montrer comme une créature vengeresse sans pitié (il exécute à tour de bras dans le feu de l’action les ennemis au lieu de les secourir) prête à tout pour assassiner celui qui a jadis tué ses parents : le Joker.
Outre cette liberté pris par rapport au matériau originel, la particularité de Batman est de mettre en ostentation la personnalité du Joker au détriment de celle du rôle-titre. Davantage fasciné par les méchants, Burton concentre l’essentiel de son œuvre sur la personnalité cruelle et maladroite (paradoxe étonnant) de ce Joker délirant magistralement interprété par un Jack Nicholson en roue libre. Le Joker, plus célèbre opposant de l’homme chauve-souris, ne respecte rien ni personne et n’éprouve de compassion pour personne (l’assassinat de Bob, son assistant). Le méchant donne un coup de pied dans le politiquement correct en faisant ressortir les aspirations vénales du peuple et la facilité de leur maniabilité (la pluie d’argent sur la foule), en détruisant toute forme d’art (le saccage du musée) et en tuant tout ce qui entrave son passage (sa
maîtresse). Face à la transparence du héros masqué, le vilain crève l’écran et séduit par ses excentricités meurtrières autant que par son look violet.
Située dans un décor monochrome envahi par la pénombre que la lumière lunaire peine à éclairer, le propos de Batman, sans être fondamentalement intéressant, est magnifié par la peinture sombre de son héros autant que par la polychromie enivrante et la folie dévastatrice de son ennemi juré, offrant une lutte jubilatoire entre les sempiternels représentants du Bien et du Mal en évitant l’écueil d’offrir une dichotomie théorique flagorneuse. Le final, relativement bâclé, entache quelque peu cette première résurrection cinématographique de l’un des héros les plus prisés. L’erreur sera réparée par le truchement du second volet burtonien, chef-d’œuvre indétrônable.
Après Pee-Wee’s big adventure et Beetlejuice, Tim Burton est propulsé sur une entreprise d’une toute autre envergure : mettre en scène le célèbre Batman dans une aventure cinématographique dont le coût s’élève à une trentaine de millions de dollars. Passionné par le personnage créé par Bob Kane, l’artiste saute sur l’occasion et s’investit à fond, y consacrant plus de deux ans de son existence et de nombreuses heures de tournage harassantes. Un travail de dingue pour livrer une œuvre certes portée par les dollars mais aussi bourrée de talents indéniables.
Entouré de scénaristes fans du comic-book, Burton met en avant un récit parcouru de dualités et de conflits. Le jour, Bruce Wayne est un milliardaire qui vit avec son majordome depuis le jour où ses parents furent assassinés sous ses yeux lorsqu’il était enfant. La nuit, il revêt le costume d’un sombre justicier décidé à éradiquer le crime des rues de Gotham City. Face à lui se dresse bientôt Le Joker, en réalité le gangster Jack Napier qui, suite à une altercation avec l’homme chauve-souris, tombe dans une cuve d’acide, devenant ainsi son ennemi juré. Quoi de plus normal pour les premières aventures cinématographiques du Caped Crusader que de le confronter à son Némésis ultime. A l’époque de la sortie du film, les comics sont encore peu répandus par chez nous et en terme de super héros sur grand écran, on connaît surtout Superman et ses suites. Il y a bien la série Batman avec Adam West (« Vite, sautons dans la Batmobile Robin, Wiiiiiing ! VroOOom ! Bang ! ») ainsi qu’un long métrage tout aussi kitschissime mais rien ne nous avait réellement préparé à l’œuvre proposée par Burton en 1989. Tant et si bien que le film connut lors de sa sortie la désapprobation de nombreux fans et critiques. Scénario pas assez fidèle à la B.D., seconds rôles invisibles, univers et background des personnages pas assez développés, trop de marketing tue l’artistique, etc. etc. Le film a d’ailleurs mieux marché avant sa sortie qu’après grâce à une certaine batmania et ses innombrables produits dérivés.
Il n’empêche que, bien des années plus tard, le film est toujours un objet culte auprès de nombreux spectateurs. La raison de cet enthousiasme toujours intact réside dans le fait que Burton possède un univers bien à lui…et qu’il aime les freaks ! Car, demandez à n’importe qui ce qu’il retient de ce Batman, il vous répondra : Le Joker ! Et si la personne porte un minimum d’intérêt au 7ème art, elle vous précisera : ce dingue de Jack Nicholson dans la peau du Joker ! Possédant autant (si pas plus) de présence à l’écran que Bruce Wayne/Batman, le clown du crime est sans conteste la vraie star du film. Pourtant, face à lui, Michael Keaton est excellent mais les facéties de Jack emportent tout sur leur passage. Il EST le Joker et le voir cribler de balles Carl Grissom (interprété par Jack Palance) en se dandinant, le regarder rôtir un
gangster réticent ou le contempler en train de foutre le bocson dans un musée est un spectacle toujours délectable. Aux côtés des deux têtes d’affiche, le reste du casting passe malheureusement inaperçu, Kim Basinger en tête dans le rôle de la potiche.
A côté de ça, le film livre bien sûr son lot de gadgets et de véhicules en tous genres avec, notamment, une superbe Batmobile ainsi que la Batwing qui est introduite dans une très belle scène aérienne. Bref, plein de trucs hyper bat qui en jettent un max. Ajoutons à cela des costumes ainsi que des décors superbes (des rues de Gotham à la Batcave en passant par la manoir Wayne) émanant d’une direction artistique absolument remarquable qui, combinée au talent de Tim Burton, donne un cachet indubitablement unique à ce film de super héros. Il fallait bien ça pour un justicier de l’ombre comme celui-ci !
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