Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Au 14e siècle, un alchimiste enferme le secret de l'éternité dans une petite boite. Plus de six siècles après, en 1997, un antiquaire est sur le point de libérer cette force inconnue.
La simple vue du nombre de récompenses a de quoi mettre l’eau à la bouche à plus d’un. Ce film est le premier long métrage de l’excellent réalisateur hispano-mexicain Guillermo Del Toro. Il a lancé la carrière de celui que l’on peut décrire comme l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire.
En effet, malgré son jeune âge, Del Toro comptabilise pas moins de 34 récompenses et 18 nominations en seulement SIX long-métrages (Cronos, Mimic, L’échine du Diable, Blade II, Hellboy et Le labyrinthe de Pan) ! C’est tout simplement exceptionnel ! Et dire que sans Cronos, cette formidable ascension n’aurait peut-être pas eu lieu d’être pour ce maquilleur de formation...
Dès les premières secondes, nous reconnaissons l’ambiance et l’esthétique qui font la marque de fabrique du réalisateur. Preuve s’il en est que Del Toro, âgé de 29 ans à l’époque, a déjà la tête bien sur les épaules et les yeux rivés vers les sommets qu’il projette d’atteindre. L’histoire des origines du Cronos nous est contée par une voix qui fait réellement penser aux contes de notre enfance et nous plonge d’emblée dans l’atmosphère du film. Nous nous apprêtons dès lors à vivre un moment magique et intense avec Jesus Gris (Frederico Luppi), antiquaire pris au piège d’un mécanisme qui le dépasse totalement.
Ce métrage, bien qu’il soit un peu lent, a le mérite de nous présenter une histoire de vampire sous une forme originale : la fantaisie et le drame sont au rendez-vous ! Comme dans Le labyrinthe de Pan, le fantastique et la réalité s’entremêlent délicieusement pour scotcher le spectateur aguerri à ce genre. Il est clair que ce film ne plaira pas à tout le monde et certaines personnes s’endormiront même certainement déçues par le manque d’action.
Ce film s’adresse avant tout aux vrais fans de Del Toro et à une infime partie de fans de films d’horreur. Il est ainsi intéressant de voir à quel point la mise en scène et les effets de caméra ont évolué chez le réalisateur. Dans Cronos, malgré une recherche esthétique que l’on devine comme étant cruciale pour lui, Del Toro nous gratifie de quelques passages un peu trop sombres ou pris sous un mauvais angle, ce qui ne rend pas la tâche facile à des acteurs pourtant talentueux !
En plus de ces quelques petits défauts, nous notons quelques passages irritants tant ils tombent comme un cheveu dans la soupe d’un scénario pourtant superbement ficelé. Nous pensons notamment à cette scène où Jesus se retrouve clochard alors qu’il était mort et enterré lors dela scène précédente ! Le mélange Vampire – Morts-Vivant en état de décompostion dérangera sans doute aussi les puristes...
Mais qu’à cela ne tienne, le scénario de bonne qualité vient tout expliquer et conviendra à une majeure partie du public ! La musique, signée Javier Àlvarez dont c’est la seule expérience au cinéma, apporte cette petite touche qui manquait au film pour complètement se détourner d’une banale oeuvre vampirique ! Nous avons réellement affaire à un conte grâce à ce petit élément qui fait de ce film un métrage pas comme les autres !
Les acteurs sont, quant à eux, époustouflants et certains ont d’ailleurs été récompensés comme il se devait lors de festivals internationaux ! Nous pensons tout particulièrement à Frederico Luppi (L’échine du Diable, Le Labyrinthe de Pan) qui nous régale réellement et qui donne à lui seul la touche dramatique qu’il manquait au film ! Tout comme il l’avait fait dans L’échine du Diable, Luppi nous touche au plus profond du coeur par son interprétation magistrale. Le regretté Claudio Brook, dont ce fut l’une des dernières apparitions, nous donne tout ce qu’il a pour nous faire vibrer. Quant à l’inévitable Ron Perlman (Hellboy, Pro-Life, 5ive girls,...151 films !!!), il est une nouvelle fois irréprochable dans un rôle de « bête tueuse » qui lui va comme un gant !
En tout cas, Del Toro nous prouve qu’il sait être reconnaissant car Luppi et Perlman ont par la suite été repris sur plusieurs films réalisés par l’hispano-mexicain ! Sans doute une façon de les remercier pour leur prestation de ce qui restera les excellentes bases d’une superbe carrière !
Bref, un film à découvrir avec grand plaisir malgré ses erreurs de jeunesse ! Un film original et à l’esthétique travaillée ! Un film historique car il lance l’homme aux 34 récompenses en 6 films !