Cinemafantastique vous propose une critique jeune des films les plus vieux au plus récents traitant du fantastique dans sa globalité. Horreur, gore, fantômes ...
Psychologue pour enfants, le docteur Malcolm Crowe vient de voir ses compétences officiellement distinguées par la municipalité de Philadelphie. Ce soir-là, il savoure cette reconnaissance en compagnie de sa femme Olivia quand un jeune homme, qui s'est introduit chez eux, tire sur lui et se suicide après lui avoir reproché de ne pas l'avoir délivré de ses peurs et surtout de ne pas avoir pris son problème au sérieux. Un an plus tard, toujours hanté par le drame, Malcolm s'intéresse au cas d'un petit garçon de 8 ans, Cole Sears, dont le comportement étrange est lié à un terrible secret qu'il n'a jusqu'ici partagé avec personne, pas même avec sa mère, qui l'élève seuleâ
Par Frank Black
Cole Sear, garconnet de huit ans est hanté par un terrible secret. Son imaginaire est visité par des esprits menaçants. Trop jeune pour comprendre le pourquoi de ces apparitions et traumatisé par ces pouvoirs paranormaux, Cole s’enferme dans une peur maladive et ne veut reveler à personne la cause de son enfermement, à l’exception d’un psychologue pour enfants. La recherche d’une explication rationnelle guidera l’enfant et le thérapeute vers une vérité foudroyante et inexplicable.
Le sixième sens a été écrit et dirigé par Night Shyamalan, un jeune
réalisateur qui frappe fort. Bruce Willis interprète un psychologue pour enfants dont la mission est d’aider une jeune garçon qui voit des fantômes, et par là même trouver rédemption pour un ancien cas pour lequel il avait échoué. Le premier atout du film est d’utiliser une des hypothèses communément acceptées quant à l’existence de fantômes au lieu de jouer la carte de l’horreur et des effets spéciaux, ce qui renforce le sentiment que l’histoire est plausible. Le film repose sur un rythme lent qui construit la narration tout en insérant avec parcimonie quelques indices. L’utilisation d’éclairages sombres et de couleurs délavées renforce le rythme afin de concentrer votre attention sur la psychologie et non sur des cadrages branchés ou des effets spéciaux. Bien au contraire, le minimalisme prôné pour traiter son histoire amène Shyamalan à distiller ses indices sans excès ni étalage d’effets spéciaux, sans révéler le dénouement avant l’heure, et dont certains frappent par leur évidence une fois le film terminé. Ainsi, la couleur rouge devient un indice primordial (symbole du Mal et de la mort), aucun personnage n’entre en contact avec Bruce Willis physiquement et verbalement, ce dernier n’arrive pas à ouvrir une porte ... D’ailleurs le témoin de cette réussite réside en une seule scène : Le psychiatre incarné par Willis demande au
jeune Cole Sear ce qu’il voit exactement. Celui ci lui répond qu’il voit des morts tout le temps, et que la plupart d’entre eux ne savent pas qu’ils le sont. Ce dialogue est accompagné à l’écran par un gros plan qui avance sur le visage de Bruce Willis. On ne peut pas faire plus évident et pourtant, personne n’y prête attention ! C’est ce qui explique le succès total du film, qui se termine par un "twist" final foudroyant, qui révèle cette vérité déjà énoncée en reprenant tous les indices en une spirale de flash back ahurissante. Le fait qu’aucun truc n’est utilisé est ce qui rend la manipulation d’autant plus jouissive.
De même, les personnages sont intéressants et leur importance va bien au-delà de leur simple apparence. Ils sont connectés sans le savoir et leur interaction permettra de résoudre le puzzle. Le casting devient alors l’autre atout majeur du film. Ce personnage de psychiatre cherchant la rédemption à travers la mission qu’il a d’aider un jeune garçon, mais dont la vie privée se désagrège au fur et à mesure qu’il s’implique dans cette tâche, restera l’un des plus grands rôles de Bruce Willis. Ce dernier, empreint de tristesse et tout en retenue livre une de ses plus belles performances d’acteur. Il sait rester en retrait tout en conservant une présence forte. Haley Joel Osment a un réel talent, et puisqu’il porte The Sixth Sense sur ses épaules il n’avait pas le droit à l’erreur. Heureusement, Haley Joel Osment n’est pas Jake Lloyd et avec son air de jeune Edward Norton on devine déjà qu’il nest pas un simple chimpanzé. Il est toujours précis dans son jeu et joue comme un adulte
au lieu de tenter d’être mignon. Le personnage de Toni Collette est aussi trés bien joué. A mille lieux de son personnage amusant de Muriel ou de la droguée de Velvet Goldmine, elle interprète une mère célibataire assumant son rôle avec justesse. Et commune à ces trois acteurs est l’émotion qu’ils apportent au film.
Le sixième sens est un chef-d’oeuvre du genre fantastique reposant sur un scénario exceptionnel, auquel s’ajoute une mise en scène extraordinaire qui révéla le talent de celui qui allait être considérer comme le digne successeur d’Hitchcock : M. Night Shyamalan. Tous les ingrédients qui feront le succès de ses films suivants sont déjà là . Sixième sens est un film bluffant, à voir et revoir dans la foulée.
Un coup de maître. Mais un coup de maître juste à une encablure en dessous de The Others, bien qu’il le devance.
Film tres bien réusi