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La vie tranquille de Hank Mitchell marié à Sarah qui attend un bébé va être bouleversée. En se promenant avec son frère Jacob un peu simple d'esprit et de son copain Lou, ils découvrent sous une couche de neige un avion de tourisme qui s'est écrasé. Le pilote est mort, il transportait dans son avion 4 millions de dollars.
Dès sa sortie, Un plan simple a été comparé au Fargo des frères Coen, réalisé deux ans plus tôt. De prime abord, il est vrai que les deux œuvres débutent sur des bases similaires : un contrat foireux, des bourdes à répétition et des morts inutiles, au milieu d’un décor enneigé, dont la blancheur est inutilement empourprée.
Dans le film de Sam Raimi, un trio de baltringues est au cœur de l’intrigue. Hank Mitchell est un homme heureux : son emploi lui apporte une sécurité financière et sa magnifique femme est sur le point d’accoucher. Il est flanqué, bien malgré lui, de Jacob, son frère un peu simplet, et de Lou, ami lourdaud de ce dernier. Au cours d’un bel après-midi d’hiver, la fine équipe découvre un petit avion écrasé dans un bois. A son bord, quatre millions de dollars. Entre extase et hésitation, un plan simple est mis sur pied : si personne ne le réclame d’ici quelques mois, le magot appartiendra à ceux qui l’ont découvert !
Forcément, la bonne affaire tourne au drame et, rapidement, les protagonistes semblent pris dans un engrenage de maladresses, sur fond d’humour noir. Mais au lieu de poursuivre dans la veine exubérante de Fargo, Un plan simple change de direction, et empreinte une voie beaucoup plus sobre. Peu à peu s’impose un drame intime, centré sur l’humain. L’appât du gain révèle la nature profonde des personnages et l’on se rend compte que les étiquettes, d’ « idiot », de « redneck » d’ « honnête homme » ont sans doute été collées trop vite. Partant d’un trio en apparence stéréotypé, Raimi sait nuancer ses (z)héros et les rendre tous attachants, en les ancrant notamment dans un paysage économique et social morose. Chacun d’eux a l’occasion de défendre sa personnalité lors de scènes touchantes. Le métrage brille davantage par cette caractérisation que par les scènes plus aventureuses ou proches du film noir (l’arrivée d’un représentant du FBI par exemple).
Le réalisateur s’en sort donc très bien avec ses personnages, dont l’interprétation a été saluée. C’est particulièrement le cas de Billy Bob Thornton, nominé à plusieurs reprises pour son rôle du frère atypique. Pour appuyer un peu plus les relations entre le trio, Raimi a la bonne idée d’opter pour une mise en scène sobre et posée elle aussi. Pas d’effets de manche ou de coups d’éclat : ici, tout se passe en douceur, comme pour inviter le spectateur dans la froideur de cette campagne, au Minnesota. Parfois à la limite de la lenteur, la caméra semble s’inscrire elle-même dans la routine de ce trou perdu. Ainsi,
elle devient presque invisible, ce qui, dans ce cas-ci, s’avère positif.
Un plan simple est un polar curieusement plus efficace dans sa description d’individus pathétiques et attachants que dans son intrigue policière. En misant sur l’émotion, et plus particulièrement lors du dénouement, le film se détache du polar et se défait définitivement de l’ombre de Fargo.
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